Atelier d'écriture

Ikigai

Puis elle sent se perdre son ikigaï

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Passerelle suspendue entre ses espoirs et désespoirs

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Poussée à la pointe par un vent

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Qui ne souffle que dans son cœur

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Ne se sentant ni ronde ni légère

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Elle respire, respire, respire, respire et tombe.

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Lui se tient droit, toujours

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Immobile sur son île quand les océans ne le sont pas

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Son chant de sirènes sauve les marins

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Sans lui, c’est la terre sans la lune

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Comme en équilibre, élevé sur son rocher indien

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Un phare veille et surveille tout ce qui bouge et ne bouge plus.

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Atelier d'écriture

Portrait sans retouches

Quand on connaît son appétit pour les êtres, quand on sait comme elle aime – à sa manière – les croquer, on s’étonne d’apprendre que de tous les signes astrologiques, elle soit née vierge. Quand on connaît son incapacité viscérale à rester neutre face aux gens et aux situations, on s’étonne d’apprendre qu’elle soit née en Suisse. Quand on connaît le ton parfois vache – à sa manière – de ses portraits, quand on sait comme elle n’est pas du genre à regarder les trains passer mais plutôt à sauter dans le train en marche, et même à en prendre les commandes, on s’étonne d’apprendre qu’elle soit née avenue de Rumine. Très jeune, déjà, elle donne l’impression de n’être pas née de la dernière pluie. Mais plutôt de la nouvelle vague. Pas du genre à faire du cinéma. Et à en faire tout de même. À sa manière. Quand on connaît sa soif de liberté, quand on sait comme elle ne se freine pas, on s’étonne d’apprendre qu’elle a été emprisonnée et que c’était à Fresnes. Quand on connaît sa façon de s’asseoir – à sa manière – sur les convenances, quitte à froisser l’ego de quelques grands hommes, on s’étonne d’apprendre qu’elle repose au Père Lachaise. Mais quand on connaît sa recherche de beauté au milieu des épines, on ne s’étonne pas d’apprendre qu’elle a voulu faire disperser ses cendres à sa manière : sur des rosiers. 

Sans catégorie

Bayrūt

Tous ces murs et corps troués

En ruines

En lambeaux

Un souffle dans la poitrine

Un souffle dans la chair

Un souffle

La mort et la destruction

L’horreur et la désolation

L’empreinte dans les yeux dans la mémoire dans le sang

Milliers de cœurs qui explosent

Milliers de cèdres devenus saules-pleureurs

Atelier d'écriture

Je suis une fille sans histoire

Je suis une fille sans histoire, sans histoire à raconter et sans imagination. Je ne fais même presque jamais de rêve la nuit. C’est dire. J’aimerais avoir les mots pour vous raconter ce soir sans histoire, une fin de journée au destin sobre, 21h, sans espoir, un mercredi d’octobre. Je buvais mon potage, sous le regard de la lune par-dessus le velux de mon dernier étage.

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Atelier d'écriture

La nuit dans la galaxie

La nuit quand tout le monde dort, la mère ne dort pas. Elle repense à ce jour de juillet, quand l’enfant était en colonie de vacances. Ce jour de juillet, le père a dit à la mère : il n’y a plus d’amour. 

La nuit quand tout le monde dort, le père ne dort pas. Depuis ce jour de juillet, il est installé au grenier, en attendant que tout ça s’organise. La literie est moins bonne. Et moins chaude.

La nuit quand tout le monde dort, l’enfant ne dort pas. Il se demande chez qui, de son père ou de sa mère, vivra son Nemo. Et qui s’occupera de lui les semaines où l’enfant n’est pas là.

La nuit quand tout le monde dort, le poisson rouge, lui, sans conscience, sans mémoire, dort.